*Art. in Année littéraire ARTICLE

Title *Art. in Année littéraire
Is same as work *Art. in Année littéraire
Author Elie Fréron
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Date 1785
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Type ARTICLE
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Notes ["art. reproduit dans Documentatieblad Werkgroep Achttiende Eeuw 1975 (27-29) p. 210-214\r\n\r\nCR de l'édition qui combine Le Mari sentimental, Lettres de Mrs H et Justification de M. H. \r\n\r\n(210)\r\nCe Roman, Monsieur, a une marche différente de celle des autres. La plupart renferment des intrigues amoureuses qui se terminent par le mariage; celui-ci, ou ceux-ci (car il y en a deux) commencent là où les autres finissent. On n'imagine guère que deux personnes mariées soient capables d'exciter un intérêt bien vif. Tous les obstacles qui pouvaient retarder leur bonheur sont levés, et ils n'ont plus qu'à jouir paisiblement d'une tendre union. [...]\r\n\r\nIl s' en faut bien cependant que ce moment désiré par deux jeunes coeurs vivement épris, soit toujours pour eux l'époque de la félicité suprême. [...] et ces amans si tendres et si fidèles deviennent quelquefois des époux fort ordinaires.\r\nJe ne vous citerai pas pour preuve de ce que j'avance le héros de notre roman. M. Bompré, c'est son nom, avoit près de cinquante ans, qu'il n'avoit pas encore songé à plaire aux femmes. [....] [l'hymen] fut un malheur pour lui.\r\n(211)\r\nIl aimoit trop et n'etoit pas assez aimé. [... résumé...]\r\nFier de sa conquête, M. Bompré la conduit en triomphe à sa maison de campagne. Ici commence l'enfet du pauvre homme. Ses paysans, ses domestiques viennent présenter des fleurs à la nouvelle épouse. Elle daigne à peine les recevoir. Madame avoit la migraine, elle étoit horriblement fatiguée de la route. Elle quitte la fête qu'on lui préparoit pour aller se reposer. [...] Elle avoit lu les jardins de M. l'Abbé de Lille. Il faut tout réformer sur ce plan. Grand sujet de tristesse pour M. Bompré qui étoit accoutuné à ces objets et à ce train de vie. Mais M. Bompré aime beaucoup son épouse, et elle l'a assuré que s'il ne se prête pas à ses désirs, elle ne peut manquer de mourir bientôt. Il est donc obligé de céder. [...]\r\n(212)\r\n[..]\r\nTant de sacrifices sembloient bien devoir lui gagner le coeur de son épouse. Pleine de fierté et de dédain, elle ne lui accorde que rarement l'honneur de l'approcher. [...]\r\nPour comble de disgrâce, elle l'accuse d'avoir, pour une jeune paysanne du village, des sentiments qui blessent la foi conjugale. [...] il croit qu'il n'a d'autre ressource contre les maux qui l'accablent, que la mort. Il l'invoque, et elle vient terminer ses malheurs.\r\nSi ce tableau n'est pas propre à inspirer à beaucoup d'hommes le goût du mariage, le suivant ne l' est guère plus à le faire naître dans le coeur des femmes. Vous venez de voir ici un infortuné, victime de sa sensibilité. Voici une femme que sa délicatesse extrême conduit au tombeau. M. Henley, le plus froid et le plus calme de tous les hommes, conserve toujours avec son épouse un air de dignité et un ton de supériorité qui l'accable et la désespère /\r\n(213)\r\nà chaque instant. Quoi qu'elle fasse, elle ne peut jamais parvenir à obtenir son approbation. Elle montre à son mari sa tendresse par les soins qu'elle prend d'une jeune fille [... scène fable de La Fontaine]. \r\nMalgré toute sa bonne volonté, Mistriss Henley ne trouva dans son mari qu'un coeur froid et sévère. Et admirez son bon esprit, c'est toujours d'elle-même, et jamais de M. Henley qu'elle se plaint. Elle ne croit pas qu'il puisse jamais avoir tort. Cependant sa sensibilité mise ainsi sans cesse à l'épreuve, est un poison qui la mine insensiblement; elle prévoit elle-même qu'elle ne peut plus vivre long-temps, et elle meurt en effet bientôt après en couche.\r\nSon mari reconnaît enfin, mais trop tard, ses torts à l'égard d'une épouse si digne d'être aimée. Il rétracte lui-même les éloges que cette infortuée lui donnait dans les lettres qu'elle écrivait à son amie, et confesse que cette haute sagesse qui lui en avait imposé, n'était de sa part que sotte vanité et morgue cruelle et insolente; il expose fort en détail tout ce qui s'est passé entr'eux dans ce dernier moment. On pourra trouver que pour une personne qui se meurt, Mistriss Henley parle bien longtemps. [...]\r\nL'intention de l'auteur, en publiant cet ouvrage, n'a pas été certainement d'inspirer aux deux sexes de l'aversion l'un pour l'autre [...] Il n'a voulu par cette peinture assez juste, que corriger les femmes qui abusent de l'ascendant qu'elles peuvent avoir sur un mari délicat et sensible, et engager les hommes, trop fiers de leur raison, à se prêter avec complaisance\r\n(214)\r\naux petites foiblesses et aux fantaisies innocentes d'une épouse qui n'aspire qu'au bonheur de leur plaire et de les attacher. On pourra croire cependant avec raison qu'il n'y a pas dans tout ce que rapporte l'auteur de quoi se laisser mourir de chagrin. [topos relevé: *MORT=HEROINE] Quelle que soit la sensibilité, c'est la porter beaucoup trop loin; et je doute que les maris et les femmes de nos jours prennent les choses aussi vivement. [...]\r\n@suicide\r\n\r\nAu reste, ces lettres sont écrites assez purement. [...]\r\n\r\njanv. 2008, svd"]
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Lettres de Mistriss Henley, publiées par son amie Charrière, Isabelle de